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Nicolas Roesch : « Désanthropocentrer le design pour penser l’interdépendance avec le non-humain »

Depuis toujours, Natural Solutions s’entoure de partenaires alignés à sa raison d’être pour développer des solutions d’IA au service de la biodiversité. C’est le cas de Zoepolis, laboratoire de recherche en design qui explore les relations entre les mondes humains et non-humains. Natural Solutions est également membre de son collectif de Zoepoliticiens qui oeuvre à désanthropocentrer les champs du design pour préserver le vivant sous toutes ses formes.

Et si le monde de demain se pensait non plus pour répondre en première instance aux besoins des humains, mais bien à ceux des non-humains ? Et qu’en questionnant ces vivants autres que l’homme et en répondant à leurs besoins, l’humain trouvait des réponses à ses propres besoins ? C’est en substance l’approche que développe Nicolas Roesch depuis plus de quinze ans à travers Zoepolis.

Un laboratoire de recherche en design qui, à l’ère de l’Anthropocène et de la menace d’une 6e extinction de masse, explore « un rapport au vivant qu’il nous faut aujourd’hui réinventer en sondant les potentiels d’un design centré “vivant” » et non plus seulement sur l’humain. Ce qui ne peut se faire que sous les contours du désanthropocentrisme et de l’interdépendance de l’homme avec son environnement naturel pour le designer Nicolas Roesch. Soit, ce que nos sociétés ont toujours fait jusqu’à l’avènement de la révolution industrielle, « période où les sciences modernes ont conditionné le rapport à la nature et participé à son désenchantement ».

La biodiversité, garante de notre équilibre sociétal

L’ère industrielle où le point de départ de l’impact sur la nature de la (sur)production humaine, « que l’Histoire de l’Art fait débuter à la sortie de la chaise Thonet, lorsque le fabricant tourne le dos à l’artisanat pour produire en séries ». La cause, depuis, d’une disparition de la biodiversité 100 à 1000 fois plus rapide que le rythme d’extinction naturel. Un phénomène alarmant pour Nicolas Roesh qui juge urgent « d’ouvrir les perspectives d’un nouveau contrat avec les vivants non-humains dans les espaces anthropiques. Parce que si la biodiversité vacille, c’est le contrat social de Rousseau, profondément enraciné dans l’équilibre de la biodiversité et sur lequel nos sociétés reposent, qui vacille ». Ce qu’il fait en tentant d’élargir les différents champs du design, qui ont « toujours dessiné pour le confort humain ».

De quoi ce vivant a-t-il besoin ?

C’est à partir de cette question que Nicolas Roesh exprime depuis 17 ans sa capacité à mettre en forme une idée ou un concept au travers « d’une méthodologie qui permet de construire un point de vue non-humain ». A l’instar de la structure qu’il vient de penser pour la direction Environnement et Innovation de la Ville de Lyon dans le cadre de la renaturation de la ville, en interrogeant les besoins du lierre.

« Une plante grimpante qui a besoin de pouvoir s’accrocher à la verticale pour se développer et offrir ses services écosystémiques » (rafraîchir l’air par évapotranspiration, profiter à la biodiversité urbaine…). Une structure dont il vient de livrer un premier prototype à la municipalité, avant d’être dupliquée pour expérimentation en trouvant place sur des installations existantes, comme les lampadaires ou les panneaux publicitaires. 

Toujours pour une ville de Lyon en recherche d’une nouvelle approche de design organisationnel, le chercheur s’est penché sur les besoins des larves. Grâce à son approche, il apporte une réponse à la question du bois mort en ville en dessinant une organisation au sein de la direction des Espaces verts pour le flécher, le récupérer et le répartir dans des points d’apports volontaires en fonction de son essence.

« L’idée, c’est que les jardiniers s’interrogent sur ce qu’ils peuvent en faire pour répondre aux besoins des larves. Fabriquer une haie sèche, enterrer ce bois dans le sol pour certaines espèces, ou l’accrocher à des structures ou éléments dans les jardins pour d’autres, en fonction de leurs besoins ». Une approche lowtech qui pourrait prendre la forme d’une application smartphone à destination des agents des Espaces verts de la Ville qui « ont besoin de transmission de savoirs ».

Les coalitions inconfortables

Pour autant, si le maintien de la biodiversité est essentiel à la survie de l’humanité, Nicolas Roesh ne cache pas « les coalitions inconfortables » liées à l’approche désanthropocentrée du design. « La reprise en compte de la biodiversité va créer un inconfort dans nos modes de vie. On le voit avec la désimperméabilisation de sols dans les cours d’écoles. Les lessives sont plus nombreuses parce que les vêtements des enfants reviennent plus sales. Le port de talons aiguilles, par exemple, ne sera plus adapté à des trottoirs débétonnés, idem pour les trottinettes sur les routes non goudronnées ».

Pour Nicolas Roesh, son approche qui interroge le vivant pour construire nos sociétés de demain se résume à une question centrale : quel inconfort voulons-nous ? Sachant que pour le designer, la désanthropocentrisation du design « va se faire par défaut, car nous n’aurons pas le choix ». Ceux qui en prennent le mieux conscience sont les étudiants en design à qui il en enseigne sa vision. Une relève bienvenue dans un secteur qui gravite encore massivement « dans l’ancien paradigme ».

Des ateliers et workshops pour se désanthropocentrer

Zoepolis propose des ateliers et workshops pour se désanthropocentrer à destination des citoyens, scolaires, institutions, etc… autour des thèmes Comprendre le monde sensoriel d’une espèce et Comprendre un écosystème. Ces ateliers de 2h, 4h, d’une ou trois journées, ou encore d’une semaine, encadrés par l’expertise de différents professionnels comme des naturalistes ou des écologues.

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