Comment évaluer une trame verte et bleue ?
L'impact de la lumière sur les milieux naturels
Qu’est-ce qu’une trame verte et bleue ? Quel est l’impact de la lumière sur les milieux naturels ? Comment préserver et valoriser l’environnement et les paysages nocturnes grâce à la trame noire ?
Définition
Les milieux naturels sont reliés entre eux grâce à des réseaux écologiques. Un réseau écologique est composé de réservoirs de biodiversité, espaces où la biodiversité est riche, et de corridors écologiques, des voies de déplacements entre réservoirs. Ces réseaux écologiques peuvent parfois être fragmentés par plusieurs facteurs : l’aménagement du territoire, la lumière et plus particulièrement par la pollution lumineuse. On parle de continuité écologique lorsqu’un milieu initialement fragmenté retrouve son unité.
La continuité écologique est un défi majeur car elle est nécessaire pour la conservation d’une espèce. Une espèce a besoin de se déplacer entre plusieurs réservoirs de biodiversité pour pouvoir manger, se reproduire etc. Et sans corridors écologiques, elle peut se retrouver menacée d’extinction.
Schéma des continuités écologiques : réservoirs de biodiversité et corridors écologiques (selon le schéma d’INPN, Inventaire National du Patrimoine Naturel)
Trame verte et bleue
Pour éviter la fragmentation des milieux naturels, un projet politique mené par le Ministère de l’écologie a vu le jour suite au Grenelle de l’environnement de 2007. Ce projet est celui de la création de la trame verte et bleue.
La trame verte et bleue est un réseau formé de continuités écologiques terrestres et aquatiques. Elle permet de prendre en compte la biodiversité dans l’aménagement du territoire et a pour objectifs de préserver et restaurer des continuités écologiques. Plus particulièrement, elle contribue à l’amélioration de l’état de conservation des habitats naturels et des espèces ainsi qu’au bon état écologique des masses d’eau (rivières, canaux…). (Centre de ressources pour la mise en oeuvre de la Trame verte et bleue). La trame verte et bleue s’élabore à plusieurs échelles : nationale (à l’aide d’un document cadre à respecter), régionale (à l’aide d’un schéma SRADDET par exemple), et locale (à l’aide de chartes etc.).
Exemples
La trame verte est dédiée aux continuités écologiques terrestres tandis que la trame bleue est dédiée aux milieux aquatiques. Pour mieux les comprendre voici plusieurs schémas :
Dans cette première situation, on voit qu’un milieu écologique terrestre a été coupé par une route. Pour assurer sa continuité écologique, un pont a été édifié pour que les espèces puissent traverser la route. C’est l’objectif de la trame verte : le pont devient un corridor écologique et grâce à ce dernier la trame verte restaure la continuité écologique qui existait.
De même, la trame bleue va assurer la continuité écologique d’un cours d’eau.
Trame noire : quel est l’impact de la lumière sur un milieu naturel ?
La pollution lumineuse, source de fragmentation d’un milieu naturel
La lumière pouvant elle aussi fragmenter un territoire, une nouvelle trame a été pensée afin de restaurer les continuités écologiques des milieux naturels impactés : la trame noire.
En effet, la trame verte et bleue n’était pas assez complète. Auparavant, elle ne prenait pas en compte l’impact de la pollution lumineuse. C’est en 2016, qu’elle a été améliorée dans le Code de l’environnement (modifié par la loi biodiversité, 2016), et prend désormais en compte la gestion de la lumière artificielle qui est de plus en plus répandue.
« La trame verte et la trame bleue ont pour objectif d’enrayer la perte de biodiversité en participant à la préservation, à la gestion et à la remise en bon état des milieux nécessaires aux continuités écologiques, tout en prenant en compte les activités humaines, et notamment agricoles, en milieu rural ainsi que la gestion de la lumière artificielle la nuit. » Code de l’environnement, 2016.
Et oui, car nous oublions facilement que la lumière que nous produisons la nuit (éclairage des routes, villes) peuvent bouleverser et fragmenter les milieux naturels. Grâce à la trame noire on peut désormais identifier les menaces qui peuvent peser sur la biodiversité la nuit.
Romain Sordello, ingénieur expert en biodiversité, a discerné 2 méthodes pour élaborer une trame noire :
Une méthode déductive : on part d’une trame verte et bleue et on extrait la partie la plus sombre. La trame noire apparait comme un sous-produit.
Une méthode intégrative : elle consiste à prendre en compte l’alternance jour/nuit dans la trame verte et bleue. En effet, si on ne dispose pas d’une trame verte et bleue, on fait rentrer l’obscurité comme un critère lorsque l’on fait l’identification de puits et corridors de biodiversité
La trame noire n’est pas encore très développée en France, seules 3 ou 4 projets l’ont étudié. Elles posent plusieurs problématiques : celles sur les espèces modèles qui doivent être utilisées pour mesurer l’impact qu’a la pollution lumineuse sur le milieu naturel, celles sur les seuils de sensibilité : en effet, quand est-ce qu’il fait suffisamment noir pour la biodiversité ? Mais aussi celles des données de biodiversité et éclairages, quand et comment les collecter ? Et enfin, des problématiques sociales, notamment vis-à-vis de la sécurité (éclairage des routes, des rues peu passantes).
Exemple d’identification d’une trame noire
Etude d’une trame noire : Parc National des Pyrénées
Au sein du Parc National des Pyrénées, une trame noire est en train d’être élaborée. Cette trame noire permet d’étudier l’impact de la lumière sur la biodiversité locale et d’établir un seuil de sensibilité.
« Notre étude sur cette trame noire dure 2 ans, elle terminera en septembre 2019. Pour l’instant, nous avons travaillé sur une carte de modélisation de la pollution lumineuse et nous avons choisi une espèce indicatrice : la chauve-souris lucifuge qui est une espèce repoussée par la lumière. Nous avons pris une partie du territoire que nous avons divisé en maille et détaillé sa composition paysagère : pourcentage de forêts, urbanisation, pollution lumineuse et autres (prairie etc.). Ce maillage nous permet de savoir où il faudra échantillonner »
« Le procédé est assez simple, on dépose une Batbox pendant 2 nuits avec un micro qui enregistre toutes les espèces qui passent : papillon de nuit, mammifères mais avant tout la chauve-souris. Nous avons récupéré 70 000 contacts. Ces contacts ont ensuite été traités et analysés grâce à un logiciel data (seules 70 données ont été analysées pour l’instant). Lorsque toutes les données seront analysées, nous pourrons déduire l’impact qu’a la pollution lumineuse sur les déplacements et interactions des espèces »
Eloïse Deutsch, chargée de mission développement durable, Parc National des Pyrénées.
Trame verte, bleue, noire et la gestion des données
Actuellement, il est nécessaire de faire des études d’impacts sur les milieux avant de pouvoir dire si un travail d’aménagement impactera la trame verte et bleue.
Et pour cela, il est indispensable de relever les données des réservoirs biologiques en question. En effet, il est important de savoir quelles espèces y vivent, combien elles sont, quelles sont leurs déplacements quotidiens… Puis après l’élaboration d’un corridor écologique, il est important d’analyser son efficacité en relevant les nouvelles données observées (s’il y a plus de passages et brassages entre les deux réservoirs de biodiversité etc.)
ecoRelevé : un outil indispensable
Natural Solutions possède une expertise en prélèvement et stockage des données.
Nous avons notamment développé ecoRelevé, un logiciel web et mobile permettant de saisir, localiser, gérer et partager des données de terrain en flux tendu. Cet outil va vous aider à dessiner et élaborer votre trame.
Mais au-delà de l’élaboration, cet outil va aussi vous être utile afin de mesurer l’efficacité de votre trame verte, bleue ou noire. Vous pourrez facilement relever vos nouvelles données suite à votre aménagement.
Pour plus d’informations, ou si vous êtes intéressés n’hésitez pas à nous contacter :
