Comment protéger la nature en 2020?

Retour sur la journée FRB 2020 : Les aires protégées peuvent-elles sauver la biodiversité au XXIe siècle ?

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La journée FRB 2020 : Comment protéger la nature ?

Comment protéger la nature ? Pour répondre à cette interrogation, l’État français s’engage à atteindre 30 % d’aires protégées, dont 10 % en protection forte d’ici 2022. Le premier objectif a été atteint puisque les aires protégées représentent aujourd’hui 31.8% du territoire. Ce chiffre fait néanmoins controverse, ne semblant pas suffisant aux yeux de la majorité des acteurs de la conservation.

Les aires protégées, outils incontournables pour protéger la nature et assurer le maintien des services écosystémiques, sont au centre du débat. Le lien de causalité entre développement de l’activité humaine et perte de biodiversité a été démontré à plusieurs reprises. Au-delà de la dimension environnementale, l’impact anthropique soulève aujourd’hui des enjeux sanitaires. 

Ainsi, pour répondre à ces questionnements, la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité a organisé une journée 100 % numérique présentée et animée par Frédéric Denhez, pendant laquelle de nombreux professionnels du domaine ont apporté leur expertise sur les problématiques suivantes : 

Les aires protégées sont-elles efficaces ?

Le seront-elles demain ?

Facilitent-elles l’adaptation du monde vivant au changement climatique ?

Quels en sont les bénéfices socio-économiques ?

Comment concilier activités humaines et aires protégées ?

Quel(s) modèle(s) économiques adopter ?

Qu'est-ce que la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité ?

La FRB a été créée en 2008 et a pour vocation de soutenir et d'agir avec la recherche afin d'accroître et transférer les connaissances sur la biodiversité. Il s’agit d’une fondation de coopération scientifique de droit privé. Elle exerce ses activités en toute indépendance.

Qu'est-ce qu’une aire protégée ? 

L’UICN définie une aire protégée ainsi :

Un espace géographique clairement défini, reconnu, spécialisé et géré par des moyens légaux ou d’autres moyens efficaces, visant à assurer la conservation à long terme de la nature et des services écosystémiques et valeurs culturelles qui y sont associés."

Retrouvez ci-dessous la vidéo de la rencontre:

Initier une gestion pragmatique des aires protégées

Lors du séminaire, s’est posée la question de l'efficacité des aires protégées telles quelles sont gérées aujourd'hui. En effet, dans la plupart des pays, les aires protégées sont situées dans des zones peu anthropisées et faisant face à peu de pression humaine. De plus, dans la majorité des cas, l'aspect quantitatif tend à prendre le dessus sur l'aspect qualitatif de la protection. C'est le cas à Mayotte, souligne Joachim Claudet (directeur de recherche au CRIOBE du CNRS), où 100 % de la ZEE est en zone protégée. Cette règlementation ne confère cependant pas de réglementation différente entre l'intérieur et l'extérieur de cette zone. 

L'observation générale permet de mettre en évidence que beaucoup de surfaces sont officiellement protégées, cependant les niveaux de protection appliqués ne permettent pas une protection effective de ces aires. 

De ce fait, il faut repenser les aires de protection qualitativement et de façon pragmatique.

Comme l'évoque Cécile Albert (chercheuse à l'IMBE, en collaboration avec Natural Solutions), il est nécessaire de définir des aires de protection pertinentes. Il faudrait pour cela imaginer plusieurs critères pour définir les zones à protéger selon :

            - La représentativité des espèces

            - Leur exhaustivité

            - Leur irremplaçabilité

            - Leur complémentarité

Ces critères permettront alors de connaître les zones les plus riches, qu'il faut protéger en priorité.

En outre, il est indispensable de considérer ces zones dans un aspect de dynamique spatiale et temporelle comme le suggère Yan Ropert-Coudert (directeur de recherches au Centre d’études biologiques de Chizé du CNRS) s’appuyant sur un de ses récents articles (Hindell et al., 2020). Donner un espace de libre évolution aux espèces afin de favoriser les flux d'individus et les flux de gènes pour maintenir leur richesse spécifique. Il faut donc penser le tissu écologique dans son ensemble pour éviter toute forme d'homogénéisation des biomes et du vivant, facteur majeur de l'érosion de la biodiversité. 

 Les outils numériques au service de la biodiversité 

Pour gérer les aires protégées avec efficience, il faut connaître ces zones et les espèces qu'elles abritent. Les étapes d'observation et de relevés nécessaires pour acquérir ces informations peuvent s'avérer ardues pour les gestionnaires.

Il existe aujourd’hui des outils numériques et notamment Open Source permettant de les accompagner afin de recueillir une grande quantité de données plus aisément. 

En ce sens, Natural Solutions participe au développement d’applications comme GeoNature pour en faciliter la récolte, la saisie et la gestion.

GeoNature  est un logiciel open source qui permet de saisir, gérer, consulter, analyser, exporter et diffuser des données en faune et flore. Développé par les parcs nationaux français et Natural Solutions, ce système d’information dédié à la biodiversité comprend un ensemble d’outils développés et disponibles sous licence libre. (lien vers la page GeoNature adaptée)  

Source : Gbif

Source : Gbif

Ajoutés à ces outils pour les professionnels et les naturalistes, on note également une émergence des outils de sciences participatives. Cette volonté de la part des citoyens de prendre part à la protection de la biodiversité est un atout majeur pour les conservateurs. Chez Natural Solutions, nous avons à cœur de démocratiser ce mouvement citoyen engagé. Pour cela nous avons développé GeoNature Citizen et Ecobalade , afin de permettre à chacun de participer à son échelle.

L’étude Analyse rétrospective des données de Tracking de vertébrés supérieurs dans l’océan Austral  (Hindell et al. 2020) , menée dans le cadre du projet RAATDest un exemple concret de la contribution des outils numériques. Porté par Yan Ropert-Coudert et Mark Hindell, le projet a permis de récolter de nombreuses données sur 17 espèces et 2,9 millions de points de localisations en accès libre.

Conclusion

Pour protéger efficacement la nature, il faut revoir la gestion des aires protégées selon de nouveaux critères afin de préserver les espaces et les espèces les plus vulnérables. Il est primordial de considérer cette nature telle une entité dynamique dans le temps et dans l’espace, pour anticiper les perturbations liées aux changements climatiques. Enfin, il faut également disposer de données scientifiques pour mettre en place des politiques de conservation pertinentes.

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