Les Sciences participatives essentielles pour protéger la biodiversité

Depuis une vingtaine d’années le public est de plus en plus attiré par les programmes de sciences participatives. Un engouement qui s’est même accentué avec le confinement et le besoin accru d’observer la nature!  À l’heure où il n’était pas possible de sortir de chez soi et où la majorité de la population avait plus de temps, les programmes d’observations de la nature ont vu le nombre de participants grimpé!

Les programmes de sciences participatives, des missions essentielles pour l’étude de la biodiversité

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Si de plus en plus de programmes de sciences participatives sont lancés c’est bien que leur utilité ne soit pas à démontrer! ! À l’heure où la biodiversité disparaît, (sur 7000 espèces évaluées en France, un tiers est menacé selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature), l’apport des citoyens à la connaissance scientifique est plus que jamais indispensable!

“La participation de volontaires permet de récolter une grande quantité de données sur l’ensemble du territoire et de manière répétée dans le temps, données que les chercheurs n’auraient pu obtenir seuls” défend le Muséum national d’Histoire naturelle, pionnier dans les projets de sciences participatives.

A quoi servent les sciences participatives ?

Inventorier mais aussi sensibiliser, éduquer… les sciences participatives servent effectivement à récolter des données qui seront utilisées pour des programmes de recherche scientifique mais ils permettent aussi d’impliquer les citoyens, de développer leurs connaissances car c’est bien connu : quand on connaît, on protège mieux!

Les sciences participatives pour récolter des données sur l’état de la biodiversité

Compter les papillons dans son jardin, photographier les amphibiens, inventorier les espèces sauvages proches de chez soi, repérer les champignons & lichens en forêt, compter les oiseaux, observer les coraux… des projets de sciences participatives qui font appel aux débutants comme aux confirmés il y en a des centaines! L’Observatoire participatif de la nature recense pas moins de 155 observatoires en France pour 70 316 participants à ce jour.
Ces différents observatoires donnent à tous la possibilité de contribuer à la récolte de données pour les programmes scientifiques qui sont indispensables à la conservation de la biodiversité. En effet, pour les scientifiques, être toujours sur le terrain est impossible. En ouvrant leurs outils d’observation au plus grand nombre, ils ont permis aux citoyens d’alimenter les bases de données qui sont ensuite étudiées.

L’exemple du programme STOC et de ses observateurs bénévoles

Pour preuve, les observateurs bénévoles du STOC (Suivis Temporel des Oiseaux Communs), ont rendu possible la création d’un indicateur désormais reconnu, celui de « l’évolution de l’abondance des populations d’oiseaux communs spécialistes » qui lui a permis à l’ONB, ou Observatoire National de la Biodiversité de publier des chiffres précis et documentés. Ce programme a notamment aidé des chercheurs du Muséum et du CNRS à alerter sur la disparition des oiseaux de nos campagnes.
STOC  fait partie du programme Vigie-Nature coordonné par le Muséum national d'histoire naturelle et qui est un programme de sciences participatives dont l’objectif est de collecter les données nécessaires pour étudier l'évolution de la biodiversité ordinaire sur le sol français.

Selon Vigie-Nature, 2,2 millions des données récoltés par les sciences participatives ont été intégrées à l’INPN dont la mission consiste à faire « l’inventaire des richesses écologiques, faunistiques, floristiques, géologiques, minéralogiques et paléontologiques » en France.

Publications scientifiques et présence de nouvelles espèces grâce aux sciences participatives

Les projets lancés par Phénoclim ont quant à eux permis de générer six publications dans des revues scientifiques internationales, montrant le haut niveau de fiabilité des données collectées.
Autre force des sciences participatives sur la biodiversité, découvrir de la présence de nouvelles espèces sur un territoire. En septembre 2019 une mante est photographiée à Marseille et répertoriée sur INPN Espèces. Après un travail d’identification, le Muséum national d’Histoire naturelle va pouvoir affirmer qu’il s’agit de Hierodula patellifera, en provenance de Java, en Asie.

Une participation aux sciences participatives en forte hausse

L’ONB, à partir des travaux du Collectif national Sciences participatives-Biodiversité et de la Ligue de protection des oiseaux, estime ainsi que le nombre de citoyens engagés activement dans programme lié à la biodiversité a été multiplié par 2,5 entre 2011 et 2017 : passant de 21 143 à 53 732 personnes, participant à 71 programmes. 

Chiffres publiés dans “ Sciences participatives et biodiversité : en net progrès “ le 10 janvier 2019 dans Libération

Chiffres publiés dans “ Sciences participatives et biodiversité : en net progrèsle 10 janvier 2019 dans Libération

De manière encore plus récente, pendant le confinement, le principal programme de sciences participatives du CREA Mont-Blanc, Phénoclim, a ainsi vu le nombre de ses nouvelles inscriptions d’observateurs bénévoles multiplié par 5  par rapport à la même période les années précédentes.


Mieux connaître la biodiversité pour mieux la protéger

Même si l’objectif premier de ces projets de science participative est de nature scientifique, on ne peut pas nier leur vocation pédagogique. En participant à un tel projet, le participant découvre, apprend et approfondit sa connaissance de la biodiversité. Et c’est en ayant une meilleure connaissance de ce qui l’entoure que le grand public pourra protéger les espèces.

« En faisant des sciences participatives, on renforce son esprit critique. On développe ce qu’on appelle l’alphabétisation à la donnée » affirme Romain Julliard, du Muséum national d'Histoire naturelle dans une interview donnée à Usbek & Rica

La participation à un projet de science participative permet de faire l’expérience de la biodiversité qui nous entoure. Le participant apprend à reconnaître, nommer puis peut faire le lien entre la présence d’une espèce et l’environnement dans lequel il évolue.

Les sciences participatives pour reconnecter le grand public à la nature

Grâce à des interfaces d’observation ludiques, les scientifiques utilisent les sciences participatives pour récolter des données mais aussi pour éduquer à l’environnement.

Montagnes Magazine nous parle à ce sujet du Centre de recherches sur les écosystèmes d’altitude (CREA) et de ses objectifs « Un des éléments qui anime le CREA est de favoriser une reconnexion à la nature du grand public, ce qui peut se faire au travers de l’observation ». Même si l’objectif est de faire avancer la science, sensibiliser le public à l’observation de la nature fait partie des grands axes des projets.

Les sciences participatives pour changer les pratiques

Avec la montée en force des projets participatifs en France et en Europe depuis les années 2000, on assiste à une alliance entre le grand public et le monde scientifique. N’importe qui peut ainsi être acteur de la création du savoir et non simple observateur. Cette nouvelle pratique peut-elle inciter chacun à changer ses pratiques?

Dans l‘article «Les sciences participatives peuvent aider à sauvegarder la biodiversité» publié dans Libération, Anne-Caroline Prévot, directrice de recherche CNRS au sein du MNHN raconte” Faire l’expérience de la nature, se reconnecter avec elle non seulement avec sa tête, mais aussi avec son corps, ses émotions, ses affects est «essentiel pour sauvegarder la biodiversité. Et les sciences participatives peuvent nous y aider». “

Prenons le cas du programme de sciences participatives en biodiversité Opération Papillons par Noé qui a permis le comptage depuis 2006 de plus de 1 500 000 papillons, dans plus de 12 000 jardins. Le but scientifique de cette opération est de mesurer les effets des activités humaines sur ces espèces. Les pratiques de jardinage des participants sont aussi étudiées : les ressources en nectar et l’utilisation de pesticides sont mesurées. Une récente étude de Vigie Nature, basée sur ces données, démontre une évolution des pratiques des participants qui font des efforts dans l'entretien de leurs jardins personnels.

applications transitoires

Les outils numériques indispensables pour les sciences participatives

 La multiplication des projets de science participative a été possible grâce aux outils numériques: site web, applications… L’arrivée des outils numériques a permis non seulement de démocratiser les pratiques en remplaçant les carnets de terrain par des bases de données collaboratives mais également en donnant accès à tous à une grande variété des programmes de sciences participatives.

Applications mobile et interfaces web boosteurs des sciences participatives

Pour permettre à tous de pouvoir fournir des observations, des interfaces web et des applications mobiles simples d’utilisation se sont développées. Comme l’explique Natacha TESTUTCes données ensuite transmises par cette interface web/mobile remontent jusqu’à un cloud big data permettant d’accueillir des milliers d’observations simultanées. Les sciences participatives concèdent aux chercheurs le pouvoir collecter des données facilement, dans l’intention de les traiter massivement ultérieurement.”

Découvrir sur son mobile la diversité des espèces qui nous entoure et participer à l'inventaire de la biodiversité, rien de plus simple grâce aux outils numériques! En quelques clics, tout le monde peut découvrir quel oiseau est dans son jardin et peut même indiquer sa présence sur l’une des nombreuses plateformes recensant les espèces. Chercheurs et organismes ont trouvé la bonne manière de sensibiliser et faire participer les citoyens avec simplicité et accessibilité.

Les réalisations de Natural Solutions en sciences participatives pour la biodiversité

Notre équipe travaille depuis plus de 10 ans dans le développement de solutions numériques au service des acteurs de la biodiversité. De nos nombreuses collaborations avec le Muséum national d'histoire naturelle, Planète Mer, Le CREA Mont-Blanc… pour ne citer qu’elles, sont nées des applications mobiles et des plateformes web pour de nombreux projets de sciences citoyennes dont voici quelques exemples.

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GeoNature-citizen, une solution pour les projets de  sciences citoyennes

Destinée à la collecte de données sur la  biodiversité, GeoNature-citizen développé par Natural Solution est une solution web gratuite à code source ouvert faisant partie de l’environnement GeoNature. Avec ce programme, il est possible d’intégrer les données citoyennes dans la synthèse, de bénéficier des outils de validation, sensibilité, exports et de les diffuser avec les autres observations dans l’outil GeoNature-atlas. Mais GeoNature-citizen peut aussi fonctionner de manière autonome.

Ainsi, l’atlas de la biodiversité C-Biodiv a été réalisé avec GeoNature-citizen et permet à chaque habitant  de la métropole clermontoise de partir à la  découverte de la faune et de la flore près de chez lui et à participer  au premier Atlas de la Biodiversité.

Données pro opendata inpn loi biodiversité

INPN Espèces : réalisation mobile de Natural Solutions

L’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) est un organisme français dépendant du Muséum national d'histoire naturelle, depuis 2002. Il diffuse la connaissance sur les espèces animales et végétales, les milieux naturels, les espaces protégés et le patrimoine géologique. Natural Solutions a développé l’application mais aussi la plateforme de validation de données

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Biolit, un programme national de science participative sur la biodiversité littoral

Réalisé par notre équipe, le site Biolit permet à tous de participer activement à la protection du  littoral en partageant observations et photos avec les gestionnaires et  scientifiques. Coordonné par l'association Planète Mer, Biolit est à la fois un programme en  « Science collaborative » et un « Observatoire participatif du littoral » . Gratuit et ouvert à tous, aucune commercialisation des  outils de BioLit n’est réalisée par Planète Mer et tous les outils sont mis à disposition et peuvent donc librement être utilisés  par les structures d’éducation à l’environnement ou les gestionnaires  d’espaces protégés et de ressources naturelles.

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Sauvage de ma rue

Sauvage de ma rue, un site web et une application mobile pour identifier et je photographier les plantes sauvages de sa rue développée par Natural Solutions, dans le cadre d’un projet de sciences participatives piloté scientifiquement par le Muséum national d’histoire naturelle et animée par l’association Tela Botanica.

. Ce programme de science citoyenne de Vigie-Nature, permet aux citadins de mieux connaître les plantes sauvages qui poussent dans les rues de leur quartier. Conçu en 2011 aux villes d'Île-de-France, le programme s'étend depuis 2012 à toutes les régions!

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