Quels indicateurs pour les forêts urbaines ?

Les indicateurs fournissent des évaluations de la pertinence ou de l'efficacité d'une réponse à un problème.

D'après Urban Forest Indicators for Planning and Designing Future Forests, il existe une douzaine d'indicateurs qui ont été créés pour mettre en œuvre une politique de durabilité urbaine à travers un « marketing vert ».
Dans le cadre de cet article, nous allons mettre en application les deux indicateurs suivants :

• Diversité des arbres urbains : une forêt urbaine diversifiée augmente la capacité de la forêt à résister au changement. Les arbres doivent être d’âges, d’espèces, de genres et de familles divers afin de s’assurer que la forêt peut s’adapter aux scénarios futurs de changement climatique.

• Amélioration de la qualité de l'air : la recherche montre que la présence d’arbres est généralement bénéfique pour la qualité de l’air et donc la santé humaine. Les arbres absorbent une variété de polluants atmosphériques en quantités variables, en fonction d’un certain nombre de caractéristiques telles que l’espèce, l’âge, l’emplacement, la santé des arbres, etc.

Les arbres urbains peuvent aider à atténuer une partie de la dégradation environnementale liée à l’urbanisation rapide mondiale. De nombreuses municipalités mettent en œuvre des programmes ambitieux de plantation d’arbres pour aider à éliminer la pollution atmosphérique, atténuer les effets des îlots de chaleur urbains et fournir d’autres services et avantages écosystémiques… mais manquent d’outils quantitatifs pour explorer les emplacements de plantation prioritaires et les compromis potentiels entre les services. Les indicateurs sont là pour pallier ce manque.

Les chercheurs et les praticiens obtiennent des informations sur la structure des forêts urbaines par exemple en échantillonnant un petit pourcentage de la population totale d’arbres. Puis des enquêtes simulées sur l’ensemble de données sont menées, avec des tailles d’échantillon variées pour estimer les variables structurelles des forêts urbaines (nombre total d’arbres, richesse en espèces et abondance des espèces).

La distribution spatiale de la verdure urbaine au sein d’une ville est influencée par la configuration de l’utilisation des terres et des facteurs sociaux.
Il faut identifier les nombreux défis auxquels la forêt urbaine est actuellement confrontée et mettre en évidence les principales priorités, pour les futurs efforts de planification et de gestion.

Exemples d’application

Diversité des espèces

Nombre d’arbres par espèce à Argenteuil

Comme le montre ce graphique, Argenteuil a une écrasante majorité de platanes, puis très vite le nombre d’arbres par espèce décroît. Il y a 5 espèces qui contiennent un grand nombre d’arbres par espèce, les suivantes sont négligeables (les espèces présentant moins de 80 arbres ne sont pas affichées). De ce fait, la résilience des arbres urbains d’Argenteuil n’est pas optimale. Si une maladie venait à toucher tous les platanes d’Argenteuil, la densité forestière d’Argenteuil diminuerait drastiquement suite à l’abattage.

Aussi, l'homogénéisation des forêts, que ce soit à l'échelle de la parcelle ou du paysage, conduit à la diminution de leur capacité à fournir des services multiples. Cependant, les forêts monospécifiques peuvent s'avérer très efficaces pour des fonctions dédiées, comme la production locale de bois par exemple. Tout dépend donc des objectifs poursuivis : économiques ou environnementaux. Il faudra juste garder à l'esprit que les décisions prises aujourd'hui nous engagent pour des décennies…

Amélioration de la qualité de l’air

Pollution de l’air en fonction du nombre de parcs en ville

Ce graphique met bien en valeur le lien entre nombre d’aires arborées et pollution en ville. Les trois sources majeures de rejets, à la fois pour les polluants atmosphériques et pour les gaz à effet de serre, sont le secteur résidentiel et tertiaire, du fait du chauffage ; les transports et l’industrie et l’agriculture qui participe aussi au phénomène (décomposition des engrais et production d’ammoniac) + brûlage des déchets verts.

Les arbres éliminent la pollution atmosphérique gazeuse principalement par absorption à travers les stomates de leurs feuilles, mais captent aussi certains gaz sur la surface de la plante.

D’importantes quantités de pollution atmosphérique sont susceptibles d’être éliminées par la présence d’arbres sains dans les villes. C’est dans et autour des zones où le couvert végétal comporte majoritairement des arbres que les réductions potentielles des concentrations en polluants atmosphériques seront les plus importantes. Les arbres sains de grande taille (diamètre de tige à 1,37 m du sol > 76 cm) éliminent environ 60-70 fois plus de pollution atmosphérique annuellement que les arbres sains de petite taille (diamètre de tige < 7,6 cm). Le taux d’élimination de la pollution par la végétation varie aussi en fonction de la durée de la période pendant laquelle les arbres gardent leurs feuilles, ainsi que d’autres variables météorologiques.

Le score de qualité de l’air des villes de ce graphique est calculé à partir de données sur la qualité de l’air et de données d’enquête exclusives. Un score élevé indique une bonne qualité de l’air. Le score de quantité de parcs est basé sur le nombre de jardins publics. Un score élevé indique un grand nombre de parcs et jardins publics.

Sources : INSEE ; Observatoire des territoires ; données d’enquête exclusives ; Cairn.info

Qu’en est-il des autres indicateurs ?

Voici 10 autres indicateurs qui peuvent être utiles :

• Accès physique à la nature : cet indicateur fait le lien entre la forêt urbaine et la santé humaine, il est lié à l’augmentation des loisirs en particulier la marche, ce qui est bénéfique pour la santé mentale et physique des résidents : en effet, ils sont plus susceptibles de marcher, courir ou faire du vélo sur des itinéraires fleuris/boisés.

• Accès visuel à la nature : il y a de plus en plus de preuves que la simple vision de la nature au milieu d’un environnement urbanisé contribue à réduire les niveaux de stress et à améliorer le bien-être mental.

• Couverture de canopée : le couvert de canopée est un indicateur relativement facile à mesurer, c’est la superficie foliaire totale du houppier des arbres d’une forêt urbaine. Il est utilisé pour pouvoir limiter les îlots de chaleur en ville, ce qui contribue grandement au bien-être des citadins. Désormais, avec le LiDAR, ce couvert forestier pourrait être mesuré en 3 dimensions, ce qui permettrait d’en avoir une estimation plus précise grâce au volume de la canopée.

• Contrôle des eaux pluviales : les arbres filtrent les eaux pluvieuses, nettoient et modèrent la quantité d’eau qui s’infiltre dans les systèmes d’ingénierie. Si elles sont conçues et planifiées en tenant compte de cette fonction, les forêts urbaines peuvent offrir à la fois des économies de coûts et des avantages environnementaux accrus pour les zones urbaines.

• Fourniture d'habitat : différents types de forêts urbaines fournissent des quantités et une qualité d’habitat différentes. Par exemple, un parc naturalisé soutiendrait probablement plus de nature urbaine qu’un planteur en béton contenant une espèce non indigène. Cet indicateur est lié à la diversité des forêts urbaines.

• Espace de culture disponible : la quantité d’espace de culture disponible indique le potentiel d’une collectivité à accroître et entretenir sa forêt urbaine. Sans espace et sans sol approprié, la forêt urbaine sera difficile à agrandir et à gérer.

• Séquestration et stockage des gaz à effet de serre : cet indicateur mesure la quantité de dioxyde de carbone absorbée et stockée par les arbres et dans le sol des forêts urbaines. Le dioxyde de carbone est le gaz à effet de serre le plus abondant, dérivé des combustibles fossiles. La quantité de carbone absorbée et stockée reflète la contribution des forêts urbaines à l’atténuation du changement climatique. Cet indicateur propose de regrouper les deux valeurs pour transmettre l’impact total des arbres sur l’atténuation du carbone.

• Conservation de l'énergie : la conservation de l’énergie mesure la contribution de la forêt urbaine à la réduction de la consommation d’énergie d’une collectivité. Cela pourrait être une réduction de la consommation d’énergie des bâtiments grâce à l’ombrage pendant les étés chauds, par exemple*.

• Avantages de la valeur de la propriété : les arbres peuvent contribuer au bien-être économique d’une personne s’ils augmentent la valeur de la propriété.

• Risque lié aux arbres : souvent, les préoccupations des résidents au sujet des forêts urbaines découlent de la crainte de dommages potentiels aux personnes, aux structures ou aux services publics en raison de chutes d’arbres ou de branches pendant les tempêtes ou en présence de maladies. L’âge des arbres par espèce doit être pris en compte lors de la prise en compte du risque lié aux arbres.

Plus qu’une question d’éthique, c’est en quelque sorte un choix politique : privilégier l’homme, ou la nature… Mais pourquoi ne pas faire cohabiter les deux ?

Vous l’aurez compris, en fonction des objectifs de gestion, certains indicateurs sont à privilégier. Heureusement, grâce à ecoTeka, vous pouvez analyser facilement ceux dont vous avez besoin sur un Dashboard adapté, les utiliser intuitivement, avoir une vue complète sur le patrimoine arboré de votre commune et bien plus encore !

Sources :
Barron, Sara, Stephen R. J. Sheppard, et Patrick M. Condon. « Urban Forest Indicators for Planning and Designing Future Forests ». Forests 7, no 9 (septembre 2016): 208. https://doi.org/10.3390/f7090208.

Fan, Chao, Mark Johnston, Lindsay Darling, Lydia Scott, et Felix Haifeng Liao. « Land Use and Socio-Economic Determinants of Urban Forest Structure and Diversity ». Landscape and Urban Planning 181 (1 janvier 2019): 10‑21. https://doi.org/10.1016/j.landurbplan.2018.09.012.

« Inventaires et indicateurs du patrimoine arboré urbain - Plante & Cité ». Consulté le 13 octobre 2021. https://www.plante-et-cite.fr/ressource/fiche/613/inventaires_et_indicateurs_du_patrimoine_arbore_urbain.